L’Entraînement avec des Personnes Handicapées Physiques ou Mentales

L’Entraînement avec des personnes handicapées physiques ou mentales

de Annelies Gimpel, NTA Country Director for Germany (South)

Chaque automne, j’organise l’évènement “International Line Dance Weekend" à Pullman City – un parc à thème de style Country Western près de Munich en Allemagne. Durant deux jours, des instructeurs et chorégraphes célèbres venant de toute l’Europe sont invités à animer les stages auxquels participent 800 personnes et à les divertir avec des spectacles.

Depuis quelques années, j’ai institué une nouvelle activité à cet évènement, qui est la Charity Dance  (danse de bienfaisance – ndt). Cette danse, d’un niveau débutant, est annoncée à l’avance, mais également enseignée durant le week end. La représentation de la Charity Dance a lieu en public, dans la rue principale de  Pullman City. Les danseurs participants doivent acquitter un faible montant qui est ensuite reversé à une organisation charitable.

En 2014, une fondation dédiée aux enfants cancéreux ou handicapés a été sélectionnée pour être la bénéficiaire de cette collecte. Il s’agit de la fondation KreBeki de Regensburg en Bavière (Allemagne).

J’étais très heureuse que l’une des membres du personnel de cette institution - Kirsten Elfler – répète la Charity Dance avec plusieurs de ces enfants et que des jeunes l’aient présentée dans la grande salle de danse  durant le weekend.

Il n’y a pas de mots pour décrire l'émotion et la joie de vivre que manifestèrent ces enfants et adolescents durant leur spectacle.

N’ayant aucune expérience avec les personnes handicapées, j’ai demandé à Kirsten comment se déroulaient les répétitions avec ses protégés. Je suis heureuse de partager sa réponse avec vous. Elle pourrait inciter l’un d’entre vous, en qualité de répétiteur, à tenter un tel projet.

Ma question à Kirsten était de savoir comment elle s’y prenait pour réviser la danse avec ses élèves.

Voici la réponse de Kirsten :

"Tout d’abord, il est très important de sélectionner un morceau de musique qui correspond aux capacités et aux goûts des participants. Ce n’est pas chose aisée car les capacités cognitives des enfants ayant des handicaps sont souvent très différentes d’une personne à une autre.

Notre groupe n’est pas différent des autres groupes : chaque participant a une expérience de la musique et de la danse qui lui est propre. Il y a par exemple, un garçon qui participe régulièrement aux stages des grands chorégraphes, ainsi qu’une jeune femme qui a pratiqué la danse du ventre pendant plusieurs années. Nous avons également des participants qui se joignent au groupe simplement pour le plaisir de danser.

Il est important de connaître chacun des participants, afin de pouvoir estimer ce que l’on peut attendre d’eux et s’ils pourraient souffrir de ne plus pouvoir continuer avec le groupe. Quelques-uns d’entre eux sont très ambitieux et impatients de bien faire, tandis que d’autres ne se soucient pas de pouvoir suivre les pas correctement.

Il est important de porter une attention particulière aux jeunes gens lorsqu’ils dansent et d’observer leur humeur du moment, ceci afin de pouvoir agir sur l'ambiance avant qu'elle ne dégénère. Si vous avez gagné la confiance des ados, vous pourrez aborder avec eux les questions ou problèmes, quels qu’ils soient.

Assurez-vous que la musique plaise à tous les participants, particulièrement les trisomiques. Ces personnes ont la particularité de savoir exactement ce qu’elles veulent et ne veulent pas, de sorte que vous ne pourrez jamais les persuader d’accomplir quelque chose qu’elles n’ont pas envie de faire.

Parmi les personnes handicapées, certaines ne veulent pas participer mais préfèrent être juste là avec vous car elles adorent être avec le groupe et voir les répétitions. Cela ne pose aucun problème. Cependant, seuls vous et les danseurs devraient le savoir à l’avance, sinon cela pourrait être perturbant pour le groupe, et bien-sûr pour l’instructeur.

Il est bon que parmi les instructeurs, les plus jeunes soient également présents à certaines répétitions. Nos jeunes filles et jeunes garçons apprécient la présence de jeunes et personnes élégantes des deux sexes. Sur ce point, ils sont tout-à-fait normaux.

La chorégraphie ne doit pas être trop complexe. De petits changements de direction et beaucoup de répétitions faciliteront la mémorisation des pas de danse aux participants. Une chanson électrisante avec un rythme clair permettra de bien suivre la musique. Si les adolescents non handicapés peuvent apprendre une nouvelle danse en l’espace d’environ deux cours, nos élèves handicapés auront besoin, selon la nature de leur handicap, de trois fois plus de temps.

De courtes séances et de nombreuses pauses sont recommandées afin d’éviter qu’ils ne soient saturés, ce qui provoquerait leur frustration. En effet, beaucoup d’entre eux ne peuvent se concentrer que durant de brèves périodes au-delà desquelles ils perdraient la sensation de plaisir et le désir d’apprendre.

Nous devons être attentifs au fait que beaucoup de personnes qui nous sont confiées ont des contraintes physiques (par exemple, une malformation cardiaque). Il est donc nécessaire de veiller à ce qu’elles ne dépassent pas leurs limites.

Durant les pauses, les jeunes gens ont la possibilité de parler avec les autres danseurs et d’apprécier leur compagnie. Parfois, nous préférons les laisser seuls entre eux durant ces pauses, afin qu’ils puissent s’exprimer sans la présence d’un adulte dans la salle. Ils ont besoin, tout comme n’importe quel adolescent non handicapé, de cette intimité propre à leur génération.

Des annonces claires et un planning bien défini et établi à l’avance sont importants : des consignes précises, formulées de façon qu’ils comprennent parfaitement ce qu’il leur est demandé de faire, sont rassurantes pour eux. Des mots tels que "plus tard" ou "à l'occasion"  sont à banir de votre vocabulaire.

Beaucoup de nos adolescents adorent se produire en public afin de pouvoir montrer leur capacité.

Nous vous recommandons de leur fournir une description détaillée des pas de danse afin qu’ils puissent s’entraîner chez eux. Nos élèves ont beaucoup de plaisir à s’entraîner à la maison et éprouvent une certaine fierté à en parler lors de la séance de répétition suivante avec le groupe.

Vous avez également la possibilité d’enregistrer les différentes sections individuelles de la danse sur un écran et de leur montrer à l’avance. Il faut veiller, cependant, à ne pas donner trop d’information.

Danser dans la grande salle de spectacle de Pullman City avec les autres danseurs a été une expérience unique pour chacune des personnes impliquées.

Nous tenons à exprimer toute notre reconnaissance et nos chaleureux remerciements pour nous avoir offert l’opportunité, grâce à vos dons, de montrer ce que les personnes handicapées étaient capables d’accomplir".