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Qu'est-ce qui devrait primer : La Poule ou L'Oeuf ?

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Titre Original: 
What Should Come First : The Chicken? Or the Egg?
Page(s): 
5
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Qu'est-ce qui devrait primer : la Poule ou l'Oeuf ?

Robert Wanstreet, NTA Zone Director, EU/CON/S

Si la réponse à la première question était simple, la réponse à la seconde le serait aussi. Rassurez-vous, cet article n’a aucun rapport avec des théories de l’évolution, ni de Darwin ou d’aucune science autre que celle de l’apprentissage, c’est à dire la PEDAGOGIE : comment les gens apprennent.

Cette année marquera mes 20 ans d’enseignement en France et pendant ces années j’ai été amené à me poser la question sur la meilleure façon d’apprendre, et devinez quoi ? Il n’y en a pas UNE. Il y a différentes façons d’enseigner et d’apprendre. Ce qui est important c’est d’être conscient de ces différentes façons et de savoir laquelle est plus la plus adaptée à une situation donnée.

Je vais essayer de résumer en peu de mots les différences que j’ai été amené à rencontrer pendant toutes ces années d’enseignement, dont beaucoup m'ont presque amené à me taper la tête contre un mur, parce que je n’avais pas réalisé une différence majeure : j’ai fait ma scolarité en Amérique, dans l’Utah d’abord et la Californie plus tard. Quand je suis venu faire des études universitaires en France, je n’avais pas la moindre idée que les Français traditionnellement apprenaient si différemment des Américains. Je dirais que nous avions une approche du genre : « fais le d’abord, étudie le plus tard…peut-être !  alors que la grande majorité de mes étudiants en France apprenaient juste de la manière opposée « étudie d’abord, fais le plus tard…peut-être !»

Pour vous donner un exemple concret, quand j’étais un jeune adolescent, avec un doigt je jouais des choses simples sur le piano droit que nous avions, des mélodies et même des variations . J’ai développé un bon sens du rythme et une bonne connaissance des clés et des accords. Plus que tout j’ai obtenu cette émotion qui vient quand on fait de la musique, aussi rudimentaire soit-elle. A ce moment-là j’étais parfaitement incapable de vous dire si le morceau était en 6/8ème, en clé de C majeur, et si la progression était une progression 2 accords. Ce que j’ai appris plus tard, parce que je VOULAIS en savoir plus et aller plus loin.

Par delà l’océan, sur le vieux continent au même moment, d’innombrables étudiants travaillaient la théorie musicale. Ici en France ils appellent cela « solfège ». Les étudiants ont travaillé dur pour apprendre la valeur des notes et des intervalles que créent harmonie, progressions et modulations. Le cours, en général, dure 2 ans durant lesquels on ne joue pas forcément d’un instrument. Bon sang ! Je suis heureux d’avoir fait mon initiation musicale de l’autre côté de l’océan. Très peu des nombreuses personnes à qui je demande de quel instrument ils jouent ont autre chose à dire que « aucun !» Encore bon sang !

Ceci illustre ce que j’ai l’intention de communiquer par « fais-le d’abord, étudies-le plus tard…peut-être » (JE L'AI FAIT) contre « étudie-le d’abord, fais-le plus tard… peut-être » (LA PLUPART NE LE FONT PAS)

Non qu’une méthode soit meilleure ou pire que l'autre, mais elles ont leurs propres caractéristiques. Ce qui peut manquer dans la seconde approche est l’émotion, indubitablement un facteur de motivation important.

Ce pourrait être cette pointe d'émotion suscitée par l'intérêt qui manque quand on apprend des langues étrangères en France. Un étudiant-type ici étudie l’anglais pendant 8 ans avant d’obtenir son diplôme. Demandez à des Français étudiant l’anglais d’identifier un verbe, nom, sujet ou une préposition, etc… et ils battent n’importe quel étudiant américain du même âge. Mais essayez d’engager une simple conversation avec les mêmes étudiants et ils auront un mouvement de recul, habituellement rouges sur le visage, et souvent prétendront qu’ils ne parlent pas anglais du tout. Il semblerait qu’ils n’ont jamais ressenti cette émotion "mon dieu, je parle anglais !" (Heavens to Betsy, I'm speaking English!)

Parlons de la danse en ligne maintenant. Sa popularité grandissante en France me laisse encore perplexe, mais je pense que c’est lié à ces théories d’apprentissage et particulièrement au facteur émotionnel suscité par l'intérêt. Cette forme de danse offre un excellent retour sur investissement et un très grand plaisir (émotion) par rapport à la difficulté (somme de travail). Beaucoup plus que la danse classique…sans commentaire. Même la danse de salon demande un travail intense dès le début. Le plaisir arrive seulement plus tard…peut-être. En plus, nous avons des adages en danse country tels que "il y a de la place pour tout le monde sur la piste de danse". La porte est grande ouverte et les gens sont généralement amicaux. Beaucoup de danseurs en ligne que je connais ont appris leur première danse durant une soirée de danse country quand un professeur a pris le micro et leur a montré une routine simple et qu'il a ensuite mis la musiqje. A ce moment-là, ce n'est pas la qualité d'exécution de la danse qui a primé. Seul le facteur PLAISIR a compté ! Retour investissement rapide et important. Et franchement dans une soirée dansante, beaucoup se sentent plus concernés par la façon dont vous appliquez l’étiquette de la piste de danse que si vous dansez bien ou mal. Après l’initiation, beaucoup de ces nouvelles recrues se sont inscrites à un cours hebdomadaire où ils ont continué d’avoir du plaisir à apprendre des danses, mais pas nécessairement comment danser. Beaucoup de ces recrues, après avoir appris X nombres de danses, finiront par se tourner vers la technique et l’étude de la danse une fois que l’ennui s’installera et qu'il en faudra plus pour continuer à éprouver du plaisir. Ils sont parvenus au maximum du plaisir que l'on peut avoir en juste faisant sans comprendre….ET CECI explique, d'après moi, cette formidable croissance de NTA en France ces dernières années. NTA comble le fossé entre deux façons très différentes d’apprendre, et offre aux danseurs toute une panoplie d’informations de base et donne des outils sur la technique appropriée pour améliorer la manière de danser et continuer à se faire plaisir. Les enseignants sont mieux formés en ce moment à mon avis, et à condition qu’ils transmettent leurs connaissances à leurs élèves, danser peut être une activité tout au long de leur vie et une source de bonne forme physique et de plaisir en groupe.

J’écris ces lignes, je pense, pour souligner la réponse que je donne à mes élèves qui souvent me demandent quand ils découvrent NTA  "pourquoi ne m'a-t'on pas enseigné la bonne façon de danser dès le début ?" A ceux-là, juste entre vous et moi, je réponds généralement « si vous l’aviez eue, vous vous ne seriez peut-être pas là »

Vive la différence ! Ayez d’abord du plaisir. Ensuite, travaillez !

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